Perception is reality.
Cette maxime chère aux communicants recèle une source intarissable de questionnement. Qu’est ce que la réalité notre perception subjective du monde? Dans quelle mesure la culture filtre notre perception du réel? Le réel n’est-il qu’un arbitraire partagé? Le fruit d’un contexte?
Les grecques s’opposaient déjà à une pratique qui allait révolutionner la renaissance : la perspective. Dans l’esprit des Grecs, l’art est affaire de mimésis. On cherche à reproduire le divin. Pourtant, l’oeil ne suit pas toujours les indications qu’on lui donne. Les statues étaient ainsi difformes (jambes anormalement longues, bustes raccourcis) afin d’être perçues comme bien taillées depuis la rue par les passants. L’art s’écarte alors de sa fonction de reproduction. Pour le philosophe, il y a travestissement de la réalité et volonté de tromper.
La révolution de la perspective en peinture institué par le trecento et le quattrocento italien vont creuser ce sillon et ouvrir la porte à la reconnaissance de la subjectivité. La perspective institue l’oeil de l’homme comme fenêtre sur le monde. L’art n’est plus reproduction divine mais expression d’une sensation subjective.
Les 3 grandes étapes de l’art (gagnez votre matinée en relisant cet opuscule d’Yves Jeanneret) – idole, icône et expérience – ne feront que se jouer du rapport entre l’objet et le sujet.
Qu’en retenir pour nos métiers? Tout.
La réalité de nos chiffres, de nos connaissances, de nos souvenirs ne correspond pas toujours à la perception des gens. La pertinence n’est pas toujours affaire de fidélité. Le décalage est source de poésie et de créativité.
Il ne faut pas dessiner comme l’oeil voit.
Merci Grégoire pour l’inspiration.
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